Le monde marchand a depuis longtemps intégré la communication à ses réflexions stratégiques. De leur coté, les associations de tailles restreintes sont encore nombreuses à considérer la communication soit comme activité superflue voire suspecte, dans laquelle prioriser des forces peut être un sujet polémique. Au mieux, la communication constitue une simple fonction support, qui intervient uniquement à la dernière étape des projets quand il s'agit de les faire connaître et les diffuser.
Il convient de rappeler que la première contrainte qui pèse sur les petites associations est souvent financière, et il est naturel que la priorisation des forces disponibles soit dédiée au cœur d'activité de la structure. Mais toutes les organisations citoyennes mettent en œuvre, de fait, des activités de communication; internes d'abord (infolettre, etc.), et externes aussi avec les réseaux sociaux et souvent aussi un site internet. Les associations de défenses des droits et des causes, y compris de petites tailles, s'engagent aussi souvent dans des activités de relations presse et de plaidoyer auprès des institutions.
Or beaucoup de petites associations déploient ces diverses activités de communication sans s'appuyer sur les principaux acquis méthodologique dans le domaine, ni a fortiori sur une vision stratégique articulée à la stratégie générale de l'association. Dans ce contexte, par une sorte de prophétie autoréalisatrice, l'impact de ces activités de communication sera insignifiant ou nul, et celles-ci seront perçues au sein de l'association comme un mauvais investissement, à la fois sur le plan politique et financier.
Généralement, la reconnaissance de l'utilité de la communication (et des compétences que cette activité suppose) est un enjeu moins aiguë dans les moyennes structures qui y dédie une partie de leurs forces salariées. En revanche, il arrive encore trop souvent, dans ces petites ONG employeuse, que la communication ne constitue qu'une fonction strictement « opérationnelle », là où elle devrait concerner, bien au delà des différents projets, la finalité même des structures, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'associations de défense des causes.
Pour les associations spécialisées dans les activités de plaidoyer, la communication devient éminemment stratégique lorsqu'un soutien de l'opinion publique est recherché pour faire avancer un dossier. Et la réussite de ces campagnes de mobilisation se joue pour beaucoup dans leur capacité à créer une caisse de résonance dans les médias et sur l'Internet. A ce niveau, une montée en compétence sur certains éléments peut jouer un rôle décisif dans l'impact du plaidoyer de certaines associations comme, entres autres, la capacité à nouer des alliances stratégiques, la nécessité de se doter de bons porte-paroles ou le recours à la mobilisation du réseau de bénévoles pour l'atteinte d'objectifs stratégiques.
La question des outils de communication utilisés doit également être l'objet d'une réflexion politique de la part des associations. Les motivations pour s'intéresser aux questions politiques que soulèvent les divers outils de communication sont multiples: il peut s'agit de protéger sa vie personnelle, de participer à une lutte politique contre la surveillance publicitaire des GAFAM, ou de contribuer à l'installation d'une vision éthique des outils numériques de communication, etc. Au final, l'enjeu du développement d'outils de communication alternatifs et appropriés aux spécificités du secteur associatif doit être susceptible d'animer une grande variété d'organisations citoyennes.